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Agriculture bio

Retardez les déchaumages pour conserver de l’azote… indispensable en bio !

par Maddalena MORETTI

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En Agriculture Biologique, comme en conventionnelle, le déchaumage après moisson est une pratique courante, destinée à incorporer au sol les résidus des cultures pour en faciliter la dégradation et lutter contre les adventices annuelles et les vivaces. Une étude menée sur des fermes biologiques normandes montre que cette pratique entraine une minéralisation d’autant plus forte que l’intervention est précoce. L’azote produit est susceptible d’être perdu par lessivage pendant l’hiver. Au-delà des aspects environnementaux, cela est particulièrement grave en AB puisque cet élément est l’un des principaux facteurs limitant les productions biologiques.

Après moisson le sol doit être travaillé puisqu’il est pris en masse par la sècheresse estivale. Le but annoncé du déchaumage est également de réduire le stock de semences d’adventices et déclencher la levée des grains perdus pendant la récolte. Ceci permet de limiter les repousses dans la culture suivante. Cette pratique a aussi un fort intérêt pour lutter contre les adventices vivaces types chardons et rumex, souvent problématiques en AB. Cependant, l’intervention de déchaumage n’est pas anodine sous d’autres points de vue.

Une étude, financée par L’Agence de l’Eau Seine Normandie, a été menée par l’association des Agriculteurs Biologiques de Haute Normandie sur une parcelle dans 6 fermes biologiques de 2012 à 2019. Elle montre comment les déchaumages entrainent une minéralisation automnale d’autant plus forte que l’intervention est précoce, qui se traduit par des reliquats d’azote très élevés en entrée hiver.

L’étude a débuté sur 6 parcelles « synchronisées » au niveau de la rotation au moment de la destruction d’une prairie de luzerne.

Le 1er graphique montre les valeurs des Reliquats Entrée Hiver (REH) mesurés la 1ère année de suivi. A parité de précédent le reliquat peut varier du simple au double en fonction de la date de destruction de la prairie. Plus elle est détruite tôt, plus les REH sont importants. Pour rappel l’azote présent dans le sol à cette époque est susceptible d’être perdu par lessivage pendant la phase hivernale humide, période pendant laquelle l’absorption par les plantes est faible. A contrario, quand le déchaumage est réalisé tard, en octobre ou novembre, les REH sont moins importants. Ceci permet de « perdre » moins d’azote par lessivage.

Le 2ème graphique met en relation les dates de déchaumage avec les REH mesurés en novembre après les différentes cultures qui se sont succédées sur les parcelles étudiées pendant les 7 ans de suivi.

 

 

Il donne des informations complémentaires et plus précises :

  • Les déchaumages réalisés après le 1er octobre entrainent une baisse des niveaux des REH.
  • L’implantation de couverts végétaux (CV) permet de réduire efficacement les REH même avec des déchaumages précoces. Mais pour cela il faut de bonnes conditions de pousse (pour que le couvert absorbe suffisamment d’azote).

 

Ainsi, pour une bonne gestion de l’interculture il est fondamental de déterminer les priorités. Si la priorité sur la parcelle est la lutte contre les vivaces, il vaut mieux déchaumer plusieurs fois et tôt. Si au contraire la parcelle ne présente pas de problème de vivaces, il vaut mieux optimiser la gestion de l’azote et retarder votre premier déchaumage après le 1er octobre. Ceci est d’autant plus important quand il s’agit de cultures qui laissent de bons reliquats (légumineuses, lin, colza par exemple).

Si vous avez une longue interculture derrière un bon précédent, vous pouvez aussi vous permettre de déchaumer très tôt pour implanter un couvert végétal. Celui-ci piégera l’azote et le restituera ensuite aux cultures suivantes.

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