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Nutrition & santé

Tout savoir sur le déplacement de caillette à gauche (DCG)

par Dr Jean-Michel CUMINET

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Cette affection est une des causes principales de recours à la chirurgie chez la vache laitière. Elle survient généralement au cours des quatre premières semaines de lactation. Les facteurs y prédisposant sont de mieux en mieux connus.

Déplacement de caillette à gauche, de quoi s’agit-il ?

Le déplacement de caillette à gauche (DCG) représente  85 % des cas de déplacements de caillette (les 15 % restant étant des déplacements à droite +/- torsion). Le DCG consiste en une déviation partielle de la caillette (naturellement située à droite) entre le rumen et la paroi thoraco-abdominale gauche, avec une dilatation plus ou moins prononcée par accumulation de gaz.

Cette pathologie est fréquente chez les vaches laitières mais elle peut aussi être diagnostiquée chez des allaitantes ou des taurillons. Sa fréquence moyenne est de 0,4 à 4 % mais peut varier énormément d’un élevage à l’autre. Une fréquence de plus de 2 % impose des investigations et des mesures correctives de facteurs de risque.

La fréquence d’apparition des DGC chez la vache laitière n’a pas cessé d’augmenter depuis sa découverte dans « les années 50 » en lien probablement avec les changements de méthode d’élevage (bâtiment, densité animale, alimentation, etc.), la sélection génétique, mais aussi avec l’amélioration des techniques pour les diagnostiquer.

Des symptômes frustres

Les signes généraux sont peu évocateurs et les signes digestifs assez variables : en plus d’un état de sub-cétose, on peut remarquer une diminution de l’appétit (ou un appétit sélectif), une baisse de la rumination, une baisse de la production laitière et un amaigrissement. Les bouses sont généralement collantes et en faible quantité, avec une alternance de diarrhée et de constipation.

Plusieurs facteurs de risque évoqués

La race 

Les races laitières à haut potentiel de production, notamment la Prim’Holstein, semblent plus sujettes au déplacement de caillette à gauche que les races dites « mixtes ».

La prédisposition génétique

Le phénotype avec une cavité abdominale volumineuse est plus propice au DCG (vache « profonde »).

L’âge 

Même si beaucoup de DCG interviennent sur les primipares, les spécialistes s’accordent sur le fait que la fréquence des DCG augmente entre le 4ème et le 7ème vêlage.

Des conditions de vêlages plus compliquées 

Vêlage difficile, plaie vaginale... entrainant une baisse d’ingestion et d’abreuvement dans les heures qui suivent, et donc un rumen moins volumineux.

La gémellité ou la naissance d’un « gros » veau

La gémellité ou la naissance d’un « gros » veau laisse une vacuité plus importante dans l’abdomen.

Les affections et infections intercurrentesinduisant une baisse d’ingestion

  • les maladies métaboliques : la fièvre de lait clinique et l’hypocalcémie subclinique (qui provoquent une baisse de tonus de la caillette facilitant son déplacement), la cétose ;
  • les infections : non délivrances, métrites, mammites…

Des erreurs dans la gestion de l’alimentation avant et après vêlage

  • Durant le tarissement :

 - manque de fibrosité qui amenuise le remplissage du rumen.

 - ration trop riche en concentrés.

 - une Note d’Etat Corporelle (NEC) trop importante au tarissement/vêlage (> 3,5) : les animaux trop gras ont tendance à ingérer moins de fourrages et seront prédisposés à la cétose après vêlage.

 - une transition trop brutale vers la ration « vache laitière » par absence ou rétrécissement de la phase « préparation au vêlage ».

  • Après vêlage :

 - une prévention de l’acidose après vêlage par la gestion de l’aspect physique (trop faible proportion de fibres longues, ensilage non coupé trop finement…) et chimique (part de concentrés, cinétique de distribution, absence de tri à l’auge) de la ration.

 - un accès adéquat à l’alimentation et à l’abreuvement.

 - une prévention des boiteries induisant moins de déplacement et donc d’ingestion.

 

La correction chirurgicale du déplacement de caillette à gauche est souvent nécessaire. Le pronostic est généralement bon si les fonctions métaboliques n’ont pas été trop affectées.

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