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Nutrition & santéRéchauffement climatique

Stress thermique, il est temps d’adapter nos rations

par Dr Justine GRENIER

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Avec les températures record de cette année, les vaches souffrent plus que jamais. Chaque vache est dotée de sa propre chaudière, le rumen, où les fermentations maintiennent la température à 40°C. Cela lui permet de bien résister au froid : la température optimum pour une vache est située entre 5 et 15°C (à comparer aux 20°C des humains), mais en contrepartie, dès que les températures montent, la vache en souffre !

Comment se manifeste le stress thermique chez la vache ?

 

  • Baisse d’ingestion : comme nous, la vache mange naturellement moins lorsqu’il fait chaud car la digestion produit de la chaleur.

  • Alcalose respiratoire : la respiration accélérée de la vache lui fait expirer plus de CO2 à la minute, ce qui augmente le pH sanguin. Le bicarbonate présent dans le sang est alors consommé pour maintenir le pH neutre ce qui diminue les stocks corporels de bicarbonate.
     
  • Acidose digestive : comme nous venons de l’énoncer, en période de forte chaleur il manque de bicarbonate pour tamponner le contenu du rumen. Parallèlement la baisse d’ingestion et de rumination diminuent la production de salive qui amène le bicarbonate dans le rumen, ce qui amplifie le phénomène.
     
  • Dérèglement de l’immunité : en périodes de fortes chaleur, l’efficacité des globules blancs, cellules de l’immunité, est réduite. La vache est plus sensible aux mammites (sub)cliniques. Par ailleurs, la hausse de la température augmente naturellement le nombre de cellules dans le lait même s’il n’y a pas d’infection.
     
  • Pertes d’eau importantes : elles s’opèrent par le biais de la vapeur d’eau qu’elle expire en grande quantité et la sudation qui consomme des ions sodium et potassium.
     

Ces nombreux paramètres entraînent la déstabilisation du métabolisme de la vache et provoquent la chute de la production laitière et une baisse des taux.

 

Comment aider mes vaches à supporter la chaleur par leur alimentation ?

 

Le premier aliment d’une vache, c’est l’eau. Il faut comparer les 65 kg de matière brute ingérée par jour par une vache produisant 30 litres de lait aux 100 kg d’eau qu’elle boit par jour, auxquels on ajoute en moyenne 25 % par forte chaleur. Il est donc indispensable de s’assurer d’une disponibilité adéquate de l’eau (7,5 cm linéaires d’abreuvoir par vache ou 1 abreuvoir individuel pour 10 vaches), de son débit (15 litres/min), et de sa qualité. Une vache ne boit pas dans un abreuvoir dans lequel une autre a bousé, ainsi, il faut réaliser un contrôle visuel journalier des abreuvoirs. De plus, si l’eau est issue d’un puits ou d’un forage, des analyses annuelles sont indispensables.

Par ailleurs la baisse d’ingestion peut être contrée :

 

  • En concentrant la ration en protéine et en aliments contenant de l’énergie by-pass comme le maïs. La limitation des fermentations ruminales fera diminuer sa production de chaleur.
     
  • En rendant la digestion ruminale plus efficace grâce à des levures : à mettre en double dose en période de stress.
     
  • En distribuant la ration le soir afin qu’elle chauffe moins, ou si elle est distribuée en deux fois, en mettre les 2/3 le soir. Pour éviter cet échauffement, attention aussi à la vitesse d’avancement des silos. L’utilisation de conservateurs peut aider à limiter la reprise de fermentation.

 

Enfin, l’acidose digestive peut être atténuée par la distribution quotidienne de 250 g de bicarbonate à la vache, en évitant le tri grâce à la distribution de fourrage dont la longueur n’excède pas 4 cm et en augmentant la teneur en sodium de la ration, pour atteindre 2,5 à 3 g/kg MS de la ration.
 

Apporter du confort aux vaches en période estivale, c’est un challenge multiple, dont la nutrition est une clef indispensable.

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